08 août 2006

Vent, vent, viens, va

Des fois, j'ai comme des coups de blues de vivre en Hongrie.
Même pas le blues de ne pas savoir parler à mes voisins, ni même le blues de ne voir mon monde que deux fois par année (c'est vrai que ça arrive aussi ce genre de blues). J'ai le blues de n'avoir personne à qui parler de ma météo.

Ce ne sont pas les prévisions qui me manquent. Je ne m'ennuis pas de Météo-média, ni que la fille des nouvelles tienne son parapluie à deux mains sous la pluie battante pour me dire qu'il pleut, ou qu'avec sa tuque, son foulard, ses mitaines et ses lunettes de ski elle me dise qu'il fait froid.

Non, je m'ennui de vivre la météo en tandem avec quelqu'un d'autre. D'arriver au travail le matin et de parler pendant toute l'avant-midi de l'orage qu'il y eu hier, le tonerre grondait-tu assez fort à votre goût? À l'heure du dîner, de prendre des paris sur à quelle heure ça va se mettre à tomber, ce matin il fesait beau soleil pourtant! Au téléphone le soir de s'extasier sur le vent que les arbres du voisins sont en train de plier, my, my, j'ai jamais vu ça, ça va ben casser betôt!

Bon, peut-être que j'exagère, peut-être que j'ai jamais vraiment fait si attention que ça à la météo quand j'étais au Québec. Peut-être que c'est seulement depuis que je suis partie que je me conforte dans l'idée de garder mes racines en vivant selon les clichés des autres. C'est vrai que je reviens pour les fêtes avec une réservation pour aller faire du traineau à chien, question cliché de l'hiver au Québec on fait difficilement mieux ...

Sauf que je deviens obnubilée par la météo quand même. Je trouve que la nature se réveille donc ben vite au printemps, je vais courrir en dessous de la pluie quand il pleut, je cherche des raisons pour sortir pendant les orages questions d'espioner les éclairs, je sors en gougounnes et en trois quarts quand il fait 15°C dehors, question de bien sentir le frais - peut-être que je m'ennui juste de l'hiver et du frois après le 6 semaines de canicule qu'on a eu ici, mais n'empêche.

Depuis deux jours, il vente. Avez-vous déjà vu venter? Passer aux abords d'une longue rangée d'arbres quand le vent souffle? C'est magique. Le chemin sinueux qui me ramène chez nous est bordé d'arbres comme ça, juste une rangée, pour garder la neige dans les champs l'hiver. Des grands arbres qui forment une voute au dessus de la route. Ici et là, des bosquets verts-argentés qui ferment le mur de verdure sur les pommiers chargés de l'autre coté.

Dans le vents ce soir, j'avais l'impression de regarder les bosquets danser le hoochi-coochi-coo avec leurs grands bras flexibles suivant le tempo du vent. Au dessus d'eux, la cime des grands arbres se pliait bien basse. Les grands arbres doivent êtres myopes s'ils ont besoin de s'approcher autant pour bien voir les mouvements de la danse. Quand ma voiture est sortie de la rangée d'arbres, ils n'avaient toujours pas compris et se contentaient de bouger la tête en rythme entre deux tentative de compréhension de la chorégraphie.
Pendant une seconde, j'ai eu une vison de conte de fées, avec des arbres qui doivent bien rire de nous avoir berné à croire qu'ils ne sont que végétaux.

Ce soir, j'ai vu venter et j'ai été suffisament impressionnée pour tenter d'en faire un blog. Je dois être due pour retourner au Québec bientôt moi!

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