Étant donné mon aversion pour la tâche ingrate appelée "faire la vaisselle", j'ai dû, dès les premiers mois hors de la cuisine maternelle, développer un avantage indéniable qui me permettrait de passer un accord avec mes co-locs. Je m'occupe de ce qui ce mange, une autre que mois s'occupe de se qui se nettoie.
Sauf que la cuisine, ce n'et pas comme le vélo. Ça s'oublie quand on laisse chéri cuisiner pour nous pendant 23 mois bientôt.
On oublie que la bouilloire en métal devient plus chaude que l'eau qui bout, et donc que de verser immédiatement l'eau fait faire de gros bouillons qui splashent partout, à plus forte raison si on essaie de verser l'eau dans une toute petite tasse à mesurer.
On oublie aussi que les petites tasses à mesurer en plastique ne résistent pas au choc thermique, cassent et déversent l'eau bouillante en priorité sur la main qui les retient.
On oublie aussi que la main ébouillantée devient ultra-sensible à la chaleur et n'apprécie pas par exemple d'être promenée au dessus des ronds de poëles allumés ou d'être plongée dans l'eau de vaisselle pour la petite demi-heure que ça prends à nettoyer la préparation du lunch pour demain quand Kitty n'est pas là ni pour faire l'un ni pour faire l'autre.
On n'oubliera pas pour les jours qui viennent que ça fait mal avoir trois doigts ébouillantés.
Accessoirement, on avait d'abord oublié que si on ne fait pas le lunch la veille au soir il faut se lever de bonne heure le matin pour avoir quelque chose à bouffer le midi, qu'on a encore jamais réussi à rendre le riz basmati transparent en le faisant revenir dans l'huile et que cuisiner ça donne faim même si on a soupé au restant de lunch trois heures avant.
D'ici la fin de la semaine, je devrait me souvenir comment faire un sandwich aux tomates sans dégât majeur (à non, c'est vrai, y'a plus de pain!)