21 juin 2007

Explication Justification Quelque chose en tout cas

Il me semble qu'elles sont dues et je ne saurais dire pourquoi.

Parce que j'aime pas l'image que ma page d'acceuil me renvoi depuis J'y arrive pas. L'explication de mon ancienne psy impliquerait le fait que je ne supporte pas que les autres me preçoivent "faible". Mon explication personnelle implique plutôt le fait que j'ai posté epuisée mentalement et physiquement et que dès le lendemain, la montagne était déjà moins grosse - alors que vous qui me lisez n'avez aucun moyen de relativiser mes écrits comme ça. Vos mots m'ont touché, beaucoup, votre inquiétude m'a alarmé et depuis je m'efforce à dédramatiser la situation avec quelque chose de plus léger.
Mais l'image n'est pas meilleure. Parce qu'en fait ce n'est pas noir, pas blanc, mais pas gris non plus. En plus, je me donne une impression de faire dans le sensationalisme - un coup c'est le fond du fond, un coup c'est le bonheur total - et ça me dégoûte.

Devrais-je croire que vous êtes plus intelligent que ça et capable de lire entre les lignes? Probablement.
Le cas échéant, devrait-je me foutre de l'opinion de ceux qui concluraient au sensationalisme et aux humeurs superficielles? Assurément.
N'empêche.

Ça fait trois ans et neuf mois que j'ai pris ma décision. En trois ans et neuf mois, ma vie a eu le temps de basculer, et le temps de se replacer aussi.

La première année, j'ai été sur les petites pilules, j'ai vu une psy, j'ai perdu ma job, j'ai eu un chum que je n'aimais pas, j'ai stoppé les pilules, j'ai passé deux semaines en Europe avec une amie, je me suis fait mettre dehors par mes co-locs, j'ai laissé le chum, j'ai squatté dans l'appart d'un ami pendant qu'il était ailleurs, j'ai stoppé la psy, j'ai vécu chez ma soeur, j'ai finalement emménagé dans un appart - que j'haïssais - et dans tout ça j'ai repris un semblant de pied.

La deuxième année, je me suis fait ré-engagée dans un post plus important par la même entreprise qui m'avait clairée, je suis partie pour la Hongrie, j'ai rencontré Kitty, j'ai emménagé danns une jolie maison loin de la grand-ville.

Depuis, je me suis installée dans ma maison, dans ma vie, dans mes souliers.

Il y a des choses qui se sont règlées d'elles-même, d'autre que je travaille encore, d'autres que je fais exprès d'ignorer parce que ma situation actuelle ne les implique pas, et d'autres encore sur lesquelles je garde un toujours oeil sans avoir l'air d'y toucher parce que je sais qu'elle sont toujours là, sous la surface, prêtes à me sauter dessus si je relâche mon attention deux secondes. Dans cette catégorie-là se trouve, entre autre, ma culpabilité.

On peut se sentir coupable de choses que plusieurs n'imaginent même pas. On peut se sentir coupable d'avoir peur, se sentir coupable d'avoir des rêves qui diffèrent de celles de l'autre, se sentir coupable d'être émotionnelle, se sentir coupable de ne pas l'être (merci ma psy!), se sentir coupable d'aimer, se sentir coupable des gestes que l'on pose en voulant être aimée, se sentir coupable du mal être que projette sur les autres le fait de se sentir toujours coupable. On peut se sentir coupable, au même moment, d'avoir prêté oreille à l'autre et de s'être écouté soi. On peut même se sentir coupable de ne pas se sentir coupable, se sentir coupable d'oublier et se sentir coupable d'accepter.
On peut se sentir tellement coupable de tellement d'affaires en même temps qu'aucun tribunal, nulle part, jamais, ne pourais rendre un jugement d'innocence.

J'ai essayé de travailler là-dessus avec ma psy, j'ai eu ben de la misère. Ses principes étaient bon, mais des fois j'aurais voulu l'étrangler. Quand je lui disais que lui en voulais à "lui" de m'avoir fait prendre cette décision et qu'elle me répondait que c'était ma décision et que personne d'autre ne pouvait en avoir la responsabilité, j'avais l'impression qu'elle en rajoutait un couche épaisse de même. J'ai fini par comprendre la différence entre responsabilité et culpabilité. Je pense en tout cas.

Cette décision-là allait changer ma vie d'un façon où d'une autre, mais je ne le percevait pas à ce moment-là. J'ai pris la décision "safe" (la décision de peureuse comme je la percevait) pour me rendre compte que je n'étais pas safe du tout. En coupant le noeud qui me ratachait à Anthony, j'ai libéré un fil qui a décousu tout ce que je croyais savoir sur moi-même - mes espoirs, mes projets, ma personalité. Une fois stoppé le détricottage de ma personalité, j'ai dû rebatir du début, me retrouver des buts, des projets, des envies.

Je me suis organisée pour partir, loin. Mon émotionel était débalancé, j'ai décidé de débalancer le matériel pour compenser et retrouver mon équilibre. J'ai mis la découverte et le voyage en première ligne, la routine et la securité loin derrière. J'ai tellement changé le cours de ma vie qu'il n'y a plus grand chose à reconnaître. Ce n'est pas seulement différent de ce que j'aurais vécu si j'avais gardé Anthony, c'est différent de ce que j'aurais vécu si je n'étais jamais tombée enceinte. Je n'aurais jamais perdu ma job qui me rendais folle, je n'aurais jamais tout laissé tombé pour partir en Hongrie, je n'aurais jamais rencontré Kitty, je n'aurais jamais eu besoin d'ouvrir ce blog. Je n'ai pas eu le choix d'apprendre à respecter ce qui m'est arriver et à reconnaître le "bon" dans ma décision. Personne ne peut pas passer son temps à s'aigrir de chaque sourire, à fermer les yeux devant la beauté des choses, à refuser le bonheur d'être aimé. Aussi bien refuser la chaleur du soleil et la fraîcheur de la nuit, ça ne mène nulle part.

Mais!
Mais, il reste, toujours, quelque part, la culpabilité du survivant - d'autant plus quand on est soi-même responsable de la disparition de l'autre. Il y a des fatigues, des confrontations, des projets et aussi des dates qui font que tout revient plus fort en pleine figure. De quel droit je passe par dessus ma peine, de quel droit j'oublie les détails de comment ce fut, surtout de quel droit je me prend à faire des projets d'un jour être maman malgré tout. C'est la trahison ultime, celle dont tout mon être refuse de se libérer sans culpabilité, celle qui signifiera que vraiment, je fais ma vie sans Anthony. C'est le dernier(?) morceau à lacher pour continuer d'avancer et je n'arrive pas trop à m'en convaincre. Autant il me fait souffrir en me reliant à la culpabilité d'avoir lâcher prise sur le reste, autant il représente une part de moi beaucoup trop importante pour accepter de m'en défaire. Je ne veux pas arrêter de compter ces dates qui ancrent ma réalité dans le temps, même si elles me font sentir coupable que ce souvenir ne soit pas constant et qu'une date, extérieure à moi, soit nécessaire pour me ramener là - et pourtant je voudrais ne pas y retourner dans ces moments où tout n'est que ça.

Bref, bienvenu dans le cercle vicieux embrumé que constitue mon cerveau. Je n'ai pas trouvé la façon de conjuguer l'avenir et le passé de cette façon là et parfois ça déborde. Dans ces moments-là, vos mots m'aident et peut-être que oui, je les recherche. Et si le lendemain j'ai un peu honte de tant d'émotivité et d'absence de réflexion logique (ma psy aurait-elle raison?), je préfère parler de la pluie et du beau temps et de la pâte à dents sur la bedeaine de Kitty, le temps de faire le ménage dans ma tête.
Merci à vous tous pour ce que vous m'apportez.

5 commentaires:

tirui a dit...

faire le ménage dans ta tête c'est bien, rester bloquée sur le passé d'il y a 3 ans et neuf mois ce serait moins bien, tu progresses et avances dans ta vie. Et tu deviendras maman quand tu seras prête, non ?

Anonyme a dit...

Je voudrais tellement te dire de ne pas te sentir coupable, mais je sais que ce serait vain. C'est comme ça pour toi, c'est ton fardeau, mais tu sais quand on est plusieurs à le porter il se fait moins lourd. Je ne sais pas tout de ton histoire, mais parfois on pense choisir quelque chose alors qu'au fond on ne choisit pas vraiment on fait juste ce qu'il faut. Anthony est à toi, pour toujours et tu as pris la meilleure décision pour toi et lui au moment où tu l'as prise. Donner à son enfant le meilleur c'est ce que toute bonne maman fait et c'est ce que tu as fait. Tu aurais pu faire mille choses différentes, mais tu ne serais pas celle que tu es aujourd'hui, tu ne serais pas toi et ça c'est le cadeau d'Anthony. Si j'étais près de toi je te prendrais dans mes bras et je te serrerais fort ma belle.

Anonyme a dit...

C'est bien moi cocotte!
Et oui...mon petit ange est rendu à 3 mois maintenant...en fait, le 24, il aura 3 mois! Bonne St-Jean Charles! :) J'aimerais bien qu'il te connaisse et qu'il puisse te serrer fort fort dans ses minis bras afin d'enlever un tant soit peu de ta peine...il te dirait sûrement qu'il y a là-haut une petite voix qui t'accompagnera tout au long de ta vie...il y aura toujours quelqu'un dans ta vie qui t'aimera d'un amour profond et sincère, ton petit Anthony. Je suis toujours là pour toi moi aussi...ne m'oublie pas!
n.boulanger@cgocable.ca
Ta p'tite toupinette (bon...ok, jsuis grosse maintenant..mais j'y travaille :P )
xxxx

Petits Petons a dit...

Tirui, je voudrais être prête maintenant, c'est une partie du problème. Je ne suis pas très patiente avec moi-même et je m'énnerve à trainer de la patte. J'ai fait pas mal de chemin déjà, mais comme ce paysage particulier n'est pas très intéressant, j'aimerais mieux être déjà rendue!

Nath, merci. Juste ça, mais tout ça. Je garde tes mots si justes tout près, je vais les relire souvent. Et respirer profondément. Je te serre fort virtuellement à défaut de pouvoir mieux.

Ma sûrement-pas-si-grosse-Toupinette, je t'écris là, maintenant. Prépare l'appareil numérique, je veux voir la binette de Charles!

Allez, un grand respire et je sort de ma tête pour prendre de l'air ailleurs!

Gcoq a dit...

Je reviens... aujourd'hui ça va, un autre jour ça ne va pas...
Je voudrais tant pouvoir dire, exprimer comme toi ce qui ne va pas. Je reste parfois trop sur le dentifrice!... et je comprend ton sentiment sur comment sont perçus tes écrit... quand je me laisse aller, je me sens aussi bien que je me sens en detresse...
Pour le reste, je voulais juste te dire qu'on ne fait jamais rien par hasard, et on n'est pas responsable de ce que peuvent nous faire les autres. Parfois, on comprend que très longtemps plus tard quel impact à pu avoir un petit (ou grand) fait passé. J'essais de me dire ça pour essayer de faire passer des faits qui m'empechent de vivre "le coeur léger"... voilà, un peu flou, un peu sans réponse, mais je ne pense pas que tu attendes une réponse de notre part ....