28 novembre 2006

Considération

Mai 2006

Ça ressemble déjà à l'été ici et les longues routes de campagnes appellent mon motocycliste de chum.
Le seul problème c'est que les lois financières empêcent les prêts bancaires au résident non-permanent, ce qui nous exclus tous les deux pour encore quatre ans...
Le meilleur moyen donc, serait de contracter une avancée de paye au travail, remboursable sur 6 à 12 mois. C'est une pratique courante ici, que ce soit pour rattraper un retard de loyer ou pour mettre un cashdown sur une nouvelle auto. Souvent, l'argent vient directement des poches du Grand Boss, sans paperasse et sans intérêts - ce fut le cas pour moi quand j'ai loué la maison puisque je devais payer deux mois d'avances + le mois en cours (180 000 HUF soit près de 1 100$ CAN) que je n'avais pas.
Le montant étant quand même substantiel pour la moto (chéri ne roule pas sur n'importe quoi, et plus il magasine, plus les prix augmentent!) il s'est vu répondre qu'il faudrait vérifier la limite empruntable en premier lieu.

À peine dix minutes plus tard, j'ai le Grand Boss dans mon bureau.

- Kitty me demande d'emprunter 1.500 000 de HUF pour s'acheter une moto...
- Oui..?
- Je voulais juste savoir si c'était correct avec toi avant de lui dire oui. Tu n'as rien contre qu'il s'achète une moto?

Le croyez-vous qu'il était vraiment sérieux?
J'ai presque eu envie de dire qu'en fait j'étais contre, juste pour voir à quelle vitesse il allait dire non à Kitty (mais bon, j'aurais beaucoup trop aimé avoir une moto à nous pour risquer la blague).

Quand même, puisque d'autres contretemps ont fait que le prêt n'est jamais arrivé, peut-être qu'il ne cherchait qu'une raison de dire non...

Octobre 2006.
Kitty est en congrès pour la semaine mais il a son cellulaire avec lui.


Le Grand Boss passe dans mon bureau.

- J'aurais besoin que Kitty vienne faire une démonstration à un client à Munich fin novembre...
- Oui? Selon son horaire de déplacement, il devrait être disponible. Voulez-vous que je l'appelle pour vérifier?
(Oui, en plus de ma description de tâche personnelle, je suis aussi la secrétaire de Kitty en déplacement.)
- Non, non, ce n'est pas urgent, je voulais seulement vérifier avec toi que c'était correct si si on partait deux ou trois jours pour ça.

J'ai tellement envie de rire à ce moment-là, mais je ne sais pas si c'est une blague ou pas!
Dans une compagnie de chez nous, je ne saurais rien de ce genre de déplacement. On appellerait Kitty directement et on lui laisserait le bon soin de m'avertir. Ici? On me demande ma permission!

Novembre 2006
Le voyage est prévu pour la fin de cette semaine. Six heures de route jeudi, couché à l'hôtel, présentation au client le matin et retour en fin de journée.
Ce matin, Kitty à le Grand Boss dans son bureau.

- J'ai fait les réservations pour Munich. L'hôtel est tout près du centre. Veux-tu que Petitspetons vienne avec nous?

Le Grand Boss m'offre une journée de congé sans raison.
Mais! Il prends soin de vérifier d'abord que Kitty ne préférerait pas y aller sans moi.

Il va falloir m'expliquer comment a Hongrie peut avoir une histoire autant chargée de guerres. Ils me semblent à moi complètement dévoués à éviter les conflits, même au sein de la vie familiale de leurs employés!





Le PS qui ruine l'histoire un peu, c'est que pour n'importe lequel des employés hongrois dont la femme ne travaille pas ici, la question aurait été "veux-tu y aller tout seul, emmener ta femme ou emmener ta maîtresse?"

2 commentaires:

Melchior Griset-Labûche a dit...

Reste à savoir si c'est un effet de la culture nationale hongroise (ou austro-hongroise ?), de la culture d'entreprise, ou de la culture personnelle du Big Boss. Qu'en disent tes collègues ou connaissances hongroises ?

Anonyme a dit...

My humble opinion? The Hungarians are some of the most polite and considerate people I've met ... I doubt Budapest is the same but out here, good manners and consideration for others are fairly standard .. I'm sure they think me very rude when I forget myself and try to do business in an English style!